dimanche 7 novembre 2004

Là où le pied de l’Homme...

Je pars à la conquête de l’Inconnu, dans l’espace infini de blancheur, là où nul être vivant n’a encore posé le pied, sur la vaste étendue de neige vierge des hauteurs collineuses de l’arrière-pays. Là où la main de l’Homme ne s’est jamais foulé le poignet.

Je pars surtout pour tenter de digérer l’énorme paquet de pop-corn au micro-ondes que je viens d’ingurgiter.

J’enfile tout mon gréement : caleçons longs, bottes de ski-doo, pantalons de polar, pull en polar, puis Kanuk garanti –35°C pour recouvrir le tout. Il ne fait pas très froid, mais il vente assez fort.

Direction : l’étang!

L’étang est assez loin. Je marche presque un kilomètre sur le rang, exposée au vent. J’arrive devant le chemin dans le bois. J’hésite. Il n’est pas déblayé, pas même une motoneige n’y a passé. Je fais quelques pas, j’enfonce dans la neige folle jusqu’aux genoux. Ce sera assez dur. J’hésite encore. Mais la neige est tellement invitante, la vue est féerique, et quelle fierté de raconter après coup mon épopée héroïque!

J’y vais!

Dès que je suis dans le bois, le vent tombe. Je me vois dans l’obligation de dézipper mon Kanuk et de retirer mes mitaines. Je n’avance pas vite, mais le paysage en vaut la peine. J’arrive enfin à la clairière où le chemin bifurque pour se rendre à l’étang. Je suis farouchement déterminée.

La vue de la clairière me rappelle qu’au printemps dernier il y avait un grand trou dans les environs et qu’un fermier y avait laissé des carcasses de vaches. On ne voit rien, tout est recouvert d’un mètre de neige. Qui sait quelles horreurs en décomposition se vautrent sous cette couche meuble? Ma détermination faiblit un peu.

J’ai la phobie des animaux morts. Mais je ne peux tout de même pas laisser mon imagination avoir le dessus! Je poursuis ma route et je traverse la clairière avec précaution. Tout de même, je ne voudrais pas tomber dans le trou! La face dans une charogne de vache, en plus! Mon pied se pose, au travers de l’épaisse couche de neige, sur ce qui pourrait être un petit tronc d’arbre. Ou un jarret de vache. Autour, le sol me semble mou. Ça pourrait être les branches d’un sapin tombé. Ou bien la peau molle et flasque d’une putrescence d’origine animale.


Je suis encore loin de l’étang, j’angoisse, je n’ose plus bouger, encore moins avancer… Seule solution : revenir précautionneusement sur mes pas, en suivant mes anciennes traces. Je rentre à honteusement à la maison!

Tant pis pour le pied de l’Homme!

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Tossi ben : comme ça tu es encore là.

:o)