mardi 30 novembre 2004

Table des matières, novembre 04

Tout le mois de novembre d'un coup d'oeil! Cliquez sur l'un des titres de ce mois-ci pour y accéder rapidement. Ou faites dérouler la fenêtre pour avoir tous les articles du mois.

Maudits Français!
Aventure hospitalière
Chanson des collines
Ras le coco des jambes!
Pouponphobie
Voyage en zone sinistrée
Moi, mon monde, mon nombril… et mes recettes de cuisine!
Là où le pied de l’Homme...
La charrue a passé ce matin
Tous les garçons...

Maudits Français!

Quand l'étranger arrive à Charles de Gaulle, au terminal 3, pas moyen de téléphoner. Il y a des téléphones, mais aucun moyen de les utiliser. Si au moins on pouvait y mettre des sous, mais non, juste des cartes. Des cartes de crédit EUROPEENNES, évidemment, ou des cartes d'appel.

Heureusement, on est aimablement renseigné par les préposés aux renseignements qui nous disent, comme si ça allait de soi, que des cartes sont en vente dans la zone des départs, à 500m à votre droite. Et que c'est tout de même pas leur faute à eux, alors quoi, c'est pas loin après tout!!!

Comme c'est pratique! Celui qui part possède normalement tous les atouts pour téléphoner, et puisqu'il quitte la France, il n'a généralement pas besoin d'une carte qui ne fonctionnera qu'en France!

Par contre, le pauvre imbécile qui arrive et qui voudrait bien avertir qu'il est arrivé, se retrouve à devoir galoper 500m avec ses 40 kilos de bagages et sa nuit blanche et son décalage horaire pour se rendre aux départs dans le but d'acheter sa carte, en espérant entretemps ne pas rater les gens qui doivent venir le chercher.

Depuis combien d'années cet aéroport est en opération? 30, 40, 50 ans? Et personne n'a eu la brillante idée d'y installer une machine distributrice qui permet d'acheter des maudites cartes de téléphone!?!

CIBOERE!!!

vendredi 26 novembre 2004

Aventure hospitalière

Examen de routine à l’hôpital. L’instant est bien choisi pour ethnographier les patients dans la salle d'attente du département de cardiologie. La moyenne d’âge est assez élevée. Je fais figure de petite jeunesse parmi eux. Nous avons tous enfilé la petite jaquette bleue d'hôpital.

Manifestement, ils se connaissent tous. Ils jasent avec animation. Un homme raconte à la ronde d’un ton enjoué ce qui l’amène à frayer avec la cardiologie. Après la description rapide de ses trois arrêts cardiaques, de son traitement à la nitro et de sa paralysie au bras gauche, il enchaîne sur la chasse au chevreuil. Les autres de renchérir. Ils semblent tous, hommes ou femmes, être des habitués de la chasse et ont tous leur petite anecdote à raconter.

Je feins de lire. En réalité, j’aimerais bien lire, mais la causerie m’empêche de me concentrer sur le «Agatha Christie» que je tiens à la main. J’aurai bien amené «The fabric of Cosmos» ou bien «Black holes and time wraps» mais j’ai horreur de paraître pédante. C’est de si mauvais goût!


Mon intervention dans la conversation se limite à faire remarquer à une dame que la jaquette bleue se porte avec l’ouverture à l’avant. Elle retourne au vestiaire se la virer de bord et revient.

L’un des protagonistes demande à l’autre : «C’est quoi, votre nom, déjà?» L’autre de répondre : «Arthur Michaud» (nom fictif non pas pour préserver son anonymat, mais bien parce que je ne m’en souviens plus). Et, comme un ballet bien orchestré, le haut parleur annonce «Monsieur Arthur Michaud, en salle 5» Et Monsieur Michaud de se diriger d’un pas guilleret en salle 5, en jaquette bleue ouverte sur le devant.

Le propos ne tarit pas pour autant. Les individus passent, d’autres arrivent, et toujours la chasse au chevreuil tient le haut du pavé.


Enfin mon tour arrive, je quitte le débat bruyant avec soulagement.


À mon retour et à mon grand dam, je constate que la conversation roule toujours sur la chasse aux chevreuils. Ils ne pourraient pas parler de leurs bobos, comme tout bon patient qui se respecte, non?

Je passe au vestiaire pour troquer la jaquette bleue (à ouverture sur le devant) contre mes vêtements civils, et je quitte les lieux, mon livre inachevé à la main.

mardi 23 novembre 2004

Chanson des collines

J’habite le fin fond du paradis. Le fin fond car il n’y a personne. Mais le paradis quand même. Cet après midi m’en a encore plus convaincue. Il fait doux, un bon +1°C qui fait fondre la neige, aucun vent, le soleil plombe. Je me promène dans le rang, qui, de glacé et enneigé ce matin, est graduellement revenu à la terre boueuse. Le soleil fait scintiller les flaques d’eau, l’air est tranquille, on entend les oiseaux chanter, le battement d’ailes d’un corbeau, les chiens se roulent avec délices dans la neige croustillante. Il y a un village au loin, les collines encore plus loin, blanc et bleu et vert à perte de vue. Le Paradis!

C’est dans des moments comme celui-là, où je gambade dans le rang avec un sourire niais en chantant à tue-tête la chanson des collines, comme Julie Andrews (mais en faussant) dans la Mélodie du Bohneur, que je suis contente que personne ne me voie et ne m’entende!

lundi 22 novembre 2004

RAS-LE-COCO DES JAMBES!

Je vais m’épiler les jambes. Je choisis une soirée où je n’attends personne, où je suis libre d’aller mettre mon pot de cire dans le micro-onde sans qu’un quidam ne me surprenne, libre de procéder à l’opération sans me faire déranger, libre de disposer des bandelettes toutes pleines de poils collés à la cire sans que personne ne se doute de quoi que ce soit. La notion de Liberté a bien changé, on dirait…

Mais pourquoi tant de mystère?

Une femme aux jambes non rasées s’expose au regard désapprobateur de la société. Par contre, celle-ci ne supporterait pas d’être témoin des opérations nécéssaires à la transformation. Oui, car il y a bel et bien transformation. Une femme possède des poils sur les jambes. Mais oui, grosse nouvelle. Ainsi que sur les sourcils (URRRRK!), dans l’entrejambes (POUAAAAAH!), sous les bras (OUAAAACHE!), sur la tête (tiens, ça c’est permis!), ainsi que sur les paupières (ça, c’est définitivement bien!). Je n’ai toujours pas compris pourquoi certains types de poils sont valorisés au détriment de d’autres. L’esthétique de la chose est après tout très relative : des cils très fournis et très longs sont symbole de sex-appeal, mais au fond, ne dirait-on pas qu’il s’agit d’araignées dans les yeux???

Bref, on veut une femme épilée (sélectivement) mais il faudrait que ça se fasse comme par magie, hors des regards. Pour laisser à la société (femmes incluses) l’illusion qu’un femme n’a normalement pas de poils, hormis les poils admissibles au temple de la féminité exacerbée. Une femme adoooore penser qu’elle est Femme. Mais la notion de Femme étant une notion sociale plutôt que naturelle, elle s’empresse donc de corriger les erreurs dont la Nature l’afflubée. À grand coups de cire épilatoire, de chirurgie, de laser et le lipposuction. Autrefois, seul son coiffeur le savait. Maintenant, son chirurgien, son technicien, son pharmacien ainsi que tous les clients de la file d’attente à la caisse de la Pharmacie Jean Coutu (où «On trouve de tout, même un ami») le savent aussi.

Cachez cette cire épilatoire que je ne saurais voir.

Le rasage pour un homme prend une toute autre signification. Il peut se raser le menton, ou pas. Les deux sont admis. L'acte même du rasage de menton et les accessoires requis sont une manifestation de sa masculinité. Pour lui, «avoir l’air naturel» signifie exactement ça : être naturel. Il peut se laisser pousser le poil des jambes, aussi bien que le poil de poche, quitte à se le gratter pour faire comme les vrais joueurs de base-ball. Très viril. Rien à faire, rien à acheter, aucun achat requis. Aucune date de péremption non plus.

Bon, je vous entends d’ici dire « t’as qu’à ne pas te raser et fermer ta gueule ». Et rater une bonne occasion de faire un essai philosophique sur la question? Non, pas question! Je suis prête à toutes les bassesses pour la littérature. Même à m’épiler les jambes. Je n’irai tout de même pas jusqu’aux poils de poche.

Allons, allons, il y a des limites à l’abjection!

vendredi 19 novembre 2004

Pouponphobie

Pourquoi donc décide-t-on de faire des enfants? Pour repeupler le monde? Allons donc! Chacun sait que la Terre est en voie de devenir surpeuplée. De toute façon, les raisons altruistes en cachent toujours d'autres, moins avouables.

Il y a de plus un aspect carrément immoral à mettre des enfants au monde : c'est accepter implicitement de jouer le jeu de l'entreprise capitaliste qui exploite honteusement l'idolâtrie exacerbée des parents dégoulinants de béatitude face à leur rejeton. Qu'on pense seulement à ce que rapporte la vente des petits souliers (que c’est donc «cute»!) dont on affuble des pieds à peine dignes de ce nom qui ne savent même pas marcher, à toutes ces couches jetables «marcheur» à motifs bouton de rose ou bien petites autos bleues (non, mais, dans le ridicule, on ne fait pas mieux!) et à tous les autres besoins artificiellement créés par des "Bébérama" de tout genre...

Comment une masse gigotante, hurlante et accaparante comme le petit d'un humain peut-il attirer l'attention des gens sensés? Objectivement, du point de vue esthétique, que voit-on? De la chair de couleur maladive, une filet de bave ou autres fluides plus ou moins ragoûtants coulant autour des principaux orifices. Si nous comparons par exemple avec un chaton : ça naît avec une douce fourrure et ça me hurle pas! L’humaineau est un mammifère laid.

Pour que l'humaineau atteigne sa pleine croissance, il faut patienter des années et des années! Si encore au bout de quelques jours on pouvait l'entraîner à aller dans sa litière, quel soulagement! Mais non! Jusqu'à un âge assez avancé, il porte une couche, ce qui lui permet, ô miracle de la technologie, de transporter partout avec lui un échantillon de ses excréments.

Le poupon grandit et passe par diverses phases psychologiquement troublantes pour les parents et l’entourage en général. La phase du «non». La phase du «je veux». La phase du «je me roule par terre dans le magasin et je hurle jusqu’à ce que j’obtienne ce que je convoite». La phase ado, où il refusera tout ce qui vient des parents sauf le gîte, la nourriture, les vêtements et l’argent. Et quand enfin il devient adulte au point de vue physiologique, il se transforme en enfant-velcro et s’accroche toujours.

Et c’est ça que nous considérons comme un investissement pour nos vieux jours? Un «bâton de vieillesse»? Alors que dès que possible ils vont s'empresser de reléguer leurs parents à l'hospice et les déclarer inaptes à gérer leur vie?

Décidément, on se sent plus en sécurité sans descendance!

jeudi 18 novembre 2004

Voyage en zone sinistrée

J’avais préparé mon voyage depuis trois jours. Trois jours que j’observais la météo sur Internet : Miramichi, Bathurst, Amherst, Halifax, Kentville… J’avais vu un avertissement de neige abondante, mais il a disparu au bout d’une journée. Enfin, le lundi, j’étais prête! Mon ancien navire allait être au quai soit le lundi dans la nuit, soit le mardi à la marée suivante. Je vais en profiter pour aller voir mon équipage. J’irais aussi chercher les cinq boîtes d’effets accumulés pendant mes nombreuses années comme permanente sur ce bateau. Je les avais laissées chez une amie qui habite Hantsport, et j’allais la visiter.

Départ à 05h15 le matin. Il fait noir, j’écoute la radio pour économiser les CD que j’ai amenés pour le voyage. Une émission religieuse me supplie de prier Dieu si je sens ma Foi vaciller. C’est ça. Je prends une gorgée de café. Pas trop, car la première pause-pipi est au Nouveau-Brunswick, à 200 km de là. Le soleil se lève. Je suis en route!

Première pause : il est 08h, j’appelle la copine de Hantsport. C’est là que j’apprends qu’une panne générale sévit en Nouvelle-Écosse, causée par la tempête de neige du samedi. Oups, pas d’électricité depuis samedi midi. Les magasins sont tous fermés. Les stations d’essence aussi. Probablement qu’il n’y aura pas de chargement à Hantsport pour mon navire non plus.

Je suis trop loin pour reculer. Je m’informe si elle a besoin de denrées alimentaires, je planifie mes pleins d’essence pour pouvoir revenir, puis je continue ma route, en surveillant les nouvelles à la radio.

Arrêt-soupe en boîtes, chandelles, piles AA, lait, café.

J’arrive enfin à Hantsport au coucher du soleil, dans le noir. Je frappe à la porte. On m’ouvre à la bougie. Il fait chaud, il y a un poêle à bois. Soirée tranquille à la chandelle, devant les baies vitrées qui donnent sur une vue de la ville, dans le noir elle aussi. Je m’informe du bateau, il est retardé, il n’arrivera pas avant mercredi midi. Trop tard pour moi, je dois être de retour pour le jeudi matin sans faute, et je ne pourrais pas conduire durant toute la nuit.

Nous nous retirons de bonne heure, rien d’autre à faire.

Vers minuit, l’électricité revient, déjà. Je me lève pour éteindre la télé et les lumières du salon, puis je me recouche. Je suis presque déçue. La journée du mardi s’écoule comme une journée normale. On magasine. Je vais pleurer un peu sur le quai vide, sur mon bateau manqué.

Je reprends le chemin du retour le lendemain matin au lever du soleil. Je devrai attendre au printemps prochain pour revenir…

mercredi 10 novembre 2004

Moi, mon monde, mon nombril… et mes recettes de cuisine!

Une bouche écarlate, pleine page, babines frémissantes, menace de me lipposuccionner. Je frémis de dégoût et je me hâte à tourner la page.

Ciel, un magazine de «madames»! Des pubs toutes en couleurs alléchantes, montrant quelques rouges à lèvres de collection, nonchalamment ouverts et même brisés en morceaux, comme des bonbons, offerts à votre convoitise, mesdames!

Passons sur les pubs, un mal nécessaire, après tout, si l’on veut qu’une publication puisse vivre. Concentrons-nous sur le contenu : beauté (lisez «maquillage»), santé (lisez «minceur»), mode, décoration…

Si vous voulez savoir ce qui se porte de nos jours à Lutèce, c’est l’endroit! Des myriades de petites horreurs «tendance» portées par des mannequins qui nous regardent avec un air méprisant. Comme des préceptes religieux, on nous assomme sous les : «Il faut absolument porter…», «…est un incontournable de la saison», «cette année, les… sont décidément à proscrire» et «Pour un look-minceur, fuyez les rayures qui...».

Je constate qu’on ridiculise le legging («de grâce, banissez cette tenue complètement «out» de votre trousseau!»). Et je suis supposée, en tant que madame, jeter tous mes leggings pas chers, confortables, qui ne prennent presque pas d’espace dans les valises, et au lieu de ça, porter des pantalons à plis, à nettoyage à sec, à rayures tendances, à prix exorbitant, et qui ne me feront plus dès que mon tour de taille aura varié de 1 cm.

La lecture de ces magazines a un effet insidieux. Moi, oui, moi, qui ne me maquille jamais, comment expliquer que je reste parfois accrochée à lire des articles sur la bonne technique pour se maquiller?

Par quel phénomène étrange la vue d’une page de publicité ou un article «de fond» sur les mérites relatifs des différents produits de beauté fait que je m’attarde malgré moi à me demander quel mascara me conviendrait le mieux et quelle ombre à paupière siérait le mieux à ma palette de couleur?

C’est presque de l’hypnose!

La mode est à l’allure naturelle, nous dit-on. Point de répit pour autant! «Mesdames, il est difficile d’avoir l’air «naturelle»! C’est tout un art! Laissez-nous vous donner des conseils!!!» Et l’on y va de toutes les recommandations possibles, sauf la plus évidente : ne pas se maquiller. On oublie que toutes les femmes possèdent, sans même lever le petit doigt et sans débourser un sou, cet air naturel qui est si «tendance» de nos jours!

Mais il n’y a pas que ça dans ces magazines : on y retrouve aussi de la Santé! Il est de bon ton de nos jours de se préoccuper de la santé. Qui rime tellement avec minceur et beauté qu’on en profite allègrement pour nous bombarder de nouveau de conseils-minceur. Idem dans les recettes de cuisine, où l’on trouvera une recette de cretons-minceur.

Des idées-cadeaux pour Noël? Regardez toutes les monstruosités «cutes» et «kétaines» dont vous pouvez affliger vos connaissances et amis, à prix «raisonnable»!

Pourquoi la «madamerie» est-elle autant assimilée à la façade? Sommes-nous si superficielles, nous, les femmes?

J’ai reçu cette semaine un appel d’une revue de madames bien connue, qui me prévenait que mon abonnement était échu. Ouiiii, enfin! répondis-je. Après un moment de stupeur au bout du fil, l’employée, incrédule, insiste et me demande si je souhaite me réabonner. Avec une offre spéciale. Et des points-bonis. Et un cadeau en prime. Et deux numéros gratuits. Et ainsi de suite, si je l’avais laissée continuer, elle me payait pour que je reprenne mon abonnement.

Mais j’ai tenu bon, et de la même façon dont j’avais coupé les liens avec Yves Caillou, célèbre représentant de la Beauté au Naturel, je ferai de même avec tous ceux qui tentent de m’appâter dans le cycle infernal de la dépendance à la Beauté, à grands coups d’offres spéciales!

dimanche 7 novembre 2004


Là où le pied de l'Homme... Posted by Hello

Là où le pied de l’Homme...

Je pars à la conquête de l’Inconnu, dans l’espace infini de blancheur, là où nul être vivant n’a encore posé le pied, sur la vaste étendue de neige vierge des hauteurs collineuses de l’arrière-pays. Là où la main de l’Homme ne s’est jamais foulé le poignet.

Je pars surtout pour tenter de digérer l’énorme paquet de pop-corn au micro-ondes que je viens d’ingurgiter.

J’enfile tout mon gréement : caleçons longs, bottes de ski-doo, pantalons de polar, pull en polar, puis Kanuk garanti –35°C pour recouvrir le tout. Il ne fait pas très froid, mais il vente assez fort.

Direction : l’étang!

L’étang est assez loin. Je marche presque un kilomètre sur le rang, exposée au vent. J’arrive devant le chemin dans le bois. J’hésite. Il n’est pas déblayé, pas même une motoneige n’y a passé. Je fais quelques pas, j’enfonce dans la neige folle jusqu’aux genoux. Ce sera assez dur. J’hésite encore. Mais la neige est tellement invitante, la vue est féerique, et quelle fierté de raconter après coup mon épopée héroïque!

J’y vais!

Dès que je suis dans le bois, le vent tombe. Je me vois dans l’obligation de dézipper mon Kanuk et de retirer mes mitaines. Je n’avance pas vite, mais le paysage en vaut la peine. J’arrive enfin à la clairière où le chemin bifurque pour se rendre à l’étang. Je suis farouchement déterminée.

La vue de la clairière me rappelle qu’au printemps dernier il y avait un grand trou dans les environs et qu’un fermier y avait laissé des carcasses de vaches. On ne voit rien, tout est recouvert d’un mètre de neige. Qui sait quelles horreurs en décomposition se vautrent sous cette couche meuble? Ma détermination faiblit un peu.

J’ai la phobie des animaux morts. Mais je ne peux tout de même pas laisser mon imagination avoir le dessus! Je poursuis ma route et je traverse la clairière avec précaution. Tout de même, je ne voudrais pas tomber dans le trou! La face dans une charogne de vache, en plus! Mon pied se pose, au travers de l’épaisse couche de neige, sur ce qui pourrait être un petit tronc d’arbre. Ou un jarret de vache. Autour, le sol me semble mou. Ça pourrait être les branches d’un sapin tombé. Ou bien la peau molle et flasque d’une putrescence d’origine animale.


Je suis encore loin de l’étang, j’angoisse, je n’ose plus bouger, encore moins avancer… Seule solution : revenir précautionneusement sur mes pas, en suivant mes anciennes traces. Je rentre à honteusement à la maison!

Tant pis pour le pied de l’Homme!

vendredi 5 novembre 2004

La charrue a passé ce matin


La charrue qui passe, il est 06h Posted by Hello

La première neige d’il y a deux jours semble tenir. Je me suis levée ce matin et tout était blanc, y compris la garnotte sur mon rang, qui échappe habituellement aux premières accumulations.

La charrue était au bout du rang, et s’en venait à toute vitesse par ici. J’ai vite sorti mon appareil photo pour en envoyer une image à ma corresponelle française, e-diote, qui, comme tous les Français, raffole de nos hivers québécois, à condition d’en être loin.


Comme de fait, sa réponse ne tarde pas : «La charrue ? J'ADOOOOORE ton vocabulaire québécois. C'est trop mignon !!!»

Piquée, je me saisis de mon Larousse illustré de 1979 pour lui répondre par la bouche de mes canons. Peine perdue, on y lit : «Instrument aratoire qui… bla bla bla». Je suis mortifiée. Puis mes yeux tombent sur une photo de charrue en train de déblayer un bon 3 pieds de neige! Ah-AH! Comme dit mon ami le pharmacien dans la pub de Phamiliprix! J’ai trouvé!

Sauf qu’en dessous, il y avait la mention «chasse-neige».
Chasse-neige!!! Non mais! Quand on sait que la charrue passe à la vitesse d’un cheval au galop, imagine-t-on dire aux enfants : «Attention, ôtez-vous de dans la rue, le chaaaaassssseû-neiiiiiiigeû arrive!» Mais ils ont le temps de se faire emporter les pauvres!

C’est comme si on disait aux enfants du Mont-St-Michel : «Attention les enfants! Le mouvement régulier et périodique des eaux de la mer par lequel le niveau monte et descend chaque jour dans un même lieu commence!» Mais ils vont se noyer, les petiots!!!

Pendant ce temps, la tempête continue de sévir, ça poudre de partout, le blizzard se met de la partie et les bancs de neige s’accumulent. On se croirait dans le tome 5 de «La petite maison dans la prairie»!

lundi 1 novembre 2004

Tous les garçons...

J’écoutais à la radio la chanson de Francoise Hardy «Tous les garcons et les filles de mon âge». Oui, quand je ne lis pas des livres quétaines, j'écoute des chansons quétaines. Mais je ne peux m’empêcher d’analyser... J’écoutais cette chanson quand j’étais ado et c’est écrit pour les ados. Mais tout de même!


1) «Tous les garçons et le filles de mon âge savent très bien ce qu’aimer veut dire»
Faux! : Premièrement, si la chanson a été si populaire, c’est que tous les garçons et les filles de cet âge se reconnaissaient en elle, donc ils étaient seuls et uniquement une petite minorité se trouvait en couple. Par ailleurs, peut-on prétendre qu’à cet âge, on sait très bien ce qu’aimer veut dire?

2) «Tous les garcons et le filles de mon âge font ensemble des projets d’avenir»
Non mais tu imagines, faire ensemble des projets d’avenir à 16 ans! Quelle excellente façon de se préparer des déceptions!!!

3) «Et les yeux dans les yeux, et la main dans la main, ils s’en vont, amoureux, sans peur du lendemain...»
Au contraire! Dès qu’une ado se pogne un tchum, plutôt que de vivre dans l’espoir de se pogner un tchum, elle vit dans la peur (pour contre-paraphraser le journal d'Anne Frank) de perdre son tchum...

4) «Oui mais moi, je vais seule, dans les rues...»
Quel bonheur! Aller seule, dans les rues, et décider soi-même de sa destination!

5) «Car personne ne m’aime»
HAHAHAHAHAHAHAHHAHAHAHAHHA!!! Oui, celle-là, elle se passe de commentaires!!!

Dans une prochaine chronique, j'analyserai «Agadou dou dou»!